Un jour dans le Kalahari
Partir le temps d’un souffle. Voler au dessus de l’Afrique du Sud, de la plus grande de ses villes au plus vide de ses territoires. De cette plaine bénie d’or et d’eau à cette terre rougit par le soleil. Un jour à la rencontre d’un monde méconnu, sauvage et dompté, à la rencontre d’une faune abondante et au sein de celle-ci de l’animal que je rêve alors de rencontrer, le pangolin. Retour sur ces 24 heures dans le Kalahari.
Tout commence à l’aéroport OR Tambo de Johannesburg. Pas la partie habituelle mais celle dédiée aux jets privés. Un havre de paix en face du terminal géant de l’aéroport. On arrive et le parking est déjà cossu. Véhicule garé sous le carport, on entre dans ce petit terminal comme dans un hôtel. Vaste espace, sculpture gigantesque et un salon en guise de comptoir d’enregistrement. A l’étage, un lounge non moins vaste vous attend avec vu sur les avions. Je vois déjà , ce que je crois être mon jet… pendant une heure, je le regarde comme on regarde une promesse. Avec envie et impatience. Mais alors que l’heure avance, un avion bi moteur avec de “ridicules” dessins sur le côté s’avance. Ce sera mon avion. Soit. C’est aussi bien. Je me voyais mal dire que j’avais volé en jet privé pour aller dans une région si déserte.
Quelques passagers montent. 2 américains et 2 employés du lodge. Et moi. L’avion est agréable mais petit. Nous voilà partis. On survole la ville de Johannesburg. On aperçoit les habituels collines de terre aurifère, les quartiers résidentiels et leurs piscines. Puis les townships et cet urbanisme si carré. Puis, les habitations se font plus rares. On passe ensuite dans les régions de l’ouest, pas encore arides mais déjà plus sèches. On voit de grandes exploitations agricoles, des surfaces gigantesques pour nourrir la ville et le pays. Puis, au bout d’une heure, le vide prend toute sa place.
Une brousse d’abord, puis la terre rouge prend le dessus. un paysage de terre rouge et d’arbustes verts domine. L’avion paraît bien frêle dans ce ciel immense. L’impression qu’il flotte, balloté par un vent invisible. Comme si atteindre le Kalahari devait se méritait. Les autres passagers sont impassibles. Je le reste aussi. Seules mes mains crispées sur l’accoudoir trahissent mon angoisse à chaque soubresaut. Dire que dans 24h, il faudra remettre ca.
1h30 plus tard, la piste se dessine au pied de quelques collines. Une superbe piste rectiligne et goudronnée au milieu de cette terre rouge et déserte. A peine le pied posé sur le tarmac, la chaleur sèche envahit mes
C’est parti pour 30 minutes de transfert. On part sur les pistes rouge, zigzaguant entre les arbustes pour sortir de cette partie de la réserve. Cette partie dispose de quelques lions. Mais ce n’est pas ici que je resterai. Nous traversons la grande piste pour nous diriger vers le pied des collines. Et une autre réserve, celle de Tswalu. Dans cette réserve de plusieurs dizaines de milliers d’hectares, ont été préservés les espèces les plus particulières de cette région sans eau (origine du mot Kalahari en Tswana). Ici, pas d’éléphants, ni de lion ou de léopard. Cela permettra de se détendre un peu. De pouvoir poser le pied à terre aussi, de temps en temps.
Je m’installe alors à Tswalu, un magnifique lodge faisant partie du label Relais & Châteaux. Ici, le luxe est relatif. Il est fou, compte tenu de l’isolement. Mais très sobre par rapport à bien des lodges en Afrique. Le luxe ici demeure dans l’isolement. Le fait d’être privilégié de vivre dans cette zone inapte à la vie humaine, dans des conditions très confortables.
A peine arrivé et le tour du propriétaire effectué, il est temps de partir en safari. Mon ranger, aimable comme toujours, me demande ma liste des “courses” safari. D’ordinaire, je suis très souple et peu demandeur. Un safari, les cheveux au vent suffit à mon bonheur. Mais là , je n’ai que 24h à peine. Et j’ai un objectif, une obsession. Je veux voir un pangolin. Ma liste de course est donc simple: un pangolin.
Nous voici partis sur ces pistes rouges. L’après midi est en train de se terminer. Le ranger se demande bien comment il va pouvoir satisfaire ma demande. Il y a pas mal de pangolins dans cette réserve. C’est même pour cela que beaucoup viennent. Mais en un seul safari, il va falloir faire quelques efforts. A peine sorti du lodge, le 4X4 s’arrête et le ranger saute du véhicule. Il prend son arme et nous invite à le suivre, le dos courbé. Nous nous enfonçons entre les arbustes sans savoir pourquoi, si proche du lodge, nous descendons déjà du véhicule.
Une centaine de mètres plus loin, on comprend. Deux guépards sont tranquillementÂ
Après ce moment, nous repartons, plus loin dans les terres. Le tracker reçoit un message et après un échange avec le ranger, ce dernier le dépose au milieu de nulle part. Avec un seul mot: Il va essayer. On le laisse s’enfoncer seul dans ce paysage désolé et continuons notre trajet. Antilopes telles que des Kudu et les inévitables et magnifiques Oryx (l’antilope du désert) et quelques élans du Cap également viennent distraire le trajet. Puis, le ranger reçoit un message du tracker sur son talkie walkie.
Le soleil commence à tomber. Le sundowner, ce sera pour après. Le 4X4 fonce à travers les dunes pour rejoindre notre tracker qui a parcouru quelques kilomètres depuis qu’on l’a laissé. Au sommet d’une colline, le 4X4 s’immobilise. Une fois encore, le ranger saute à terre. “Allons rencontre un pangolin” lance t’il. On voit au loin le tracker immobile et rien autour de lui. On s’approche peu à peu. Le ranger lève le bras. Il est là . Au début, je ne vois que sa carapace écaillée. Visiblement, il fouille dans les plantes et sous les rochers. Il explore le moindre trou. Il recherche sa nourriture. Des insectes.
Puis, tranquillement, il s’éloigne de la plante qui le nourrissait pour
Le soleil commence à embrasser l’horizon quand nous décidons de le laisser continuer son chemin sans nous. On repart vers le véhicule et je me retourne plusieurs fois pour le regarder continuer sa route. On repart et après quelques rencontres dont deux rhino noirs; nous nous arrêtons au sommet d’une dune pour célébrer le plongeon du soleil dans la nuit avec un Gin&Tonic. Pour moi, ce sera un bon verre de vin blanc frais aujourd’hui. Et l’ascension de la dune voisine pour admirer le paysage. Les oiseaux sont innombrables. La faune aussi, plus éparse. La vue à 360° me régale. J’aime ces endroits où la solitude est une fête. C’est le cas ici.
Retour au lodge pour la nuit. Un repas délicat, une bonne nuit réparatrice. Et le soleil se lève déjà , après une courte nuit. Il est 5h30 et la nature s’éveille déjà . Les oiseaux sont déjà en pleine action. Quelques antilopes croisent au loin et au bord du point d’eau qui fait face à la terrasse, l’activité semble déjà à son comble. Inutile de dormir, ce serait du gâchis. Réveil et petit déjeuner. Mais l’heure est déjà venue de repartir. Mais avant, notre ranger nous promet de parcourir l’autre réserve, celle où se trouvent les lions.
Plus grande encore, ce vaste domaine est d’ordinaire parcouru à la journée. Mais mon timing est serré. Ce ne seront que quelques minutes. Et comme pour le pangolin, en route pour la piste, on se retrouve nez à nez avec une grande troupe de lions. De lionnes plus exactement. Avec leurs petits. On profite de l’instant avant de continuer notre route vers la piste. Notre avion nous y attend.
J’ai eu l’impression de rêver. Alors que l’avion court de plus en plus vite pour s’envoler, je regarde défiler le paysage qui se dérobe sous mes pieds. La sensation d’avoir vécu un rêve, d’avoir vu un monde sauvage que j’ignorais. Si bien préservé. Si bien partagé. Je regarde donc les collines de Korannaberg s’éloigner et avec elles, les terres de cette réserve privée, la plus vaste de toute l’Afrique du Sud. J’aurais pu voir bien plus. Faire du cheval ou des randonnées. Ne rien faire aussi. Voir les autres animaux du désert comme les suricates, les aardvarks (sorte de fourmiliers ou scientifiquement des Oryctéropes du Cap). Mais j’étais venu avec un but, presque un caprice. Un rêve de pangolin… Et il fut satisfait. Sans savoir que quelques mois plus tard, ce paisible animal serait injustement accusé d’être à l’origine de la pire des pandémies contemporaines.
Le voyage se termina comme il avait commencé, dans les turbulences d’un petit avion qui survole le Nord de l’Afrique du Sud. Toujours accroché à l’accoudoir, mais heureux de cette parenthèse. Un jour sans doute, je reviendrai.
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