Un jour à Joburg !

Quoi de plus décaler que de rêver aller en Afrique du Sud ? Et quoi de plus décaler que de visiter pleinement une énorme ville ? Et pourtant, c’est le moment parfait. L’Afrique du Sud maîtrise désormais l’évolution de la pandémie; le nombre de cas et de décès sont minimes et ce fameux variant auquel on a rapidement donné la nationalité sud africaine s’éteint peu à peu. La vie peut reprendre à Johannesburg et l’on peut rêver de nouveau, bientôt, repartir à la rencontre de la ville de l’or… Voici pour changer une journée à Johannesburg, une journée du monde d’avant, un avant goût espérons le, du monde d’après.

Une journée à Johannesburg commence tôt et forcément elle commence à la Satyagraha House au lever du soleil. Le ciel limpide n’offre aucun filtre au soleil matinal qui éblouit déjà et traverse les rideaux de la chambre. Le silence contraste avec la lumière déjà forte du jour. Les ibis, ces grands oiseaux gris, se sont déjà posés sur la pelouse et entre deux plongées de leur bec dans la pelouse encore humide, lancent des cris tels des hurlements. Ces cris rendraient ceux d’un cop presque harmonieux. Et pourtant, ces cris sonnent comme une musique à mon oreille, l’introduction d’une journée active et pleine.

Le petit déjeuner se fait à mon endroit préféré. Devant un tronc d’arbre colonisé par une armée de jasmin. Le parasol est baissé pour profiter de la chaleur du soleil encore douce. Un jus de fruit frais, quelques céréales, un bon café éthiopien et quelques tranches de pain maison suffise à me donner l’énergie du décollage. C’est parti.

La matinée à Johannesburg, il faut se faire une raison, il y aura des embouteillages. Vu d’aujourd’hui, même ces embouteillages me semblent merveilleux. Ils ne sont pas. Mais je ne vais pas loin. De l’autre côté deConstitution Hill Museum & Heritage Site | City Pass Johannesburg la colline, aux portes de la City (le CBD), je commence ma journée par la visite de Constitution Hill. Ce lieu est une ancienne prison, la seule qui accueillit à la fois Gandhi et Mandela (à deux époques différentes toutefois). On y découvre les conditions dans lesquelles les prisonniers vivaient, la ségrégation et ce qu’elle engendrait de mesures singulières. Une superbe expo sur Gandhi y montre aussi le lieu au début du 20ème siècle. Et en sortant, on découvre la cour constitutionnelle sud africaine dont l’intérieur des murs a été recouvert des briques de l’ancienne prison. Il faut savoir qu’à la fin de l’apartheid et après l’élection de Mandela, la constitution sud africaine fut établie avec les juristes du monde entier pour prendre ce qu’il y a de meilleur dans les constitutions démocratiques. Cela n’a pas empêché les écarts et la corruption mais l’idée est belle et universaliste.

Après cet escale au début du siècle, me voici parti pour le Musée de l’Apartheid. Je longe la City qui me fascine depuis toujours. Ce fut mon premier “new york”. La M1 me dirige par à-coups vers le Sud Ouest aux portes de Soweto. D’un côté, un parc d’attraction situé sur le site d’une ancienne mine d’or, Gold Reef City qui n’est pas inintéressant si l’on a de jeunes enfants (et seulement dans ce cas). De l’autre, une bâtisse à l’architecture futuriste, le musée de l’apartheid. Même si je l’ai visité plusieurs fois, la visite de ce musée remet les choses en place et montre le chemin parcouru par cette nation. Je déconseille absolument de leApartheid Museum Tour - Magic Travels Tours visiter seul, ce serait du gâchis. Il faut un guide et un bon pour pointer quelques éléments essentiels de cette histoire. La première fois que je l’ai visité, ce qui m’a le plus marqué au delà des multiples scènes, objets ou vidéos, c’est la prise de conscience que l’Apartheid était un régime régi par la loi. La loi avait établi la discrimination et à ce titre, ce régime était légal et les officiels de l’époque avaient ce discours froid de ceux qui s’abrite derrière la loi, même si l’on sait qu’elle détournait de la vérité. Une visite de ce musée, si sobre, si riche ne laisse jamais indifférent, on en ressort transformé en général, notre regard parfois humide regarde alors ce monde d’une toute autre manière.

Je continue vers le Sud Ouest, direction Soweto. Etrange Soweto, devenue ville touristique où pourtant des pépites se cachent avec talent. Je passerai rapidement sur Wilakazi Street (la rue aux deux Nobel, Tutu et Mandela) mais le lieu qui me saisit toujours, c’est le monument dédié à Hector Pieterson. Cet adolescent tué lors des émeutes de 1976, dont la mort signera le début de la fin de l’apartheid. ce régime mettra pourtant encore longtemps à survivre. Se trouver là, sur ce lieu et écouter cette histoire de la bouche de ceux qui l’ont vécu n’a pas son pareil. Tout comme  pour le musée juste avant, la passage par ces lieux montrant l’horreur donne une énergie folle et une foi extraordinaire dans ce pays.

Entouré de collines jaunes éblouissantes rappelant les mines d’or qui justifièrent la création de ce township immense, je continue mon périple vers un quartier de Soweto où se trouve un studio d’enregistrement. Là, je retrouve mon groupe favori, Urban Village. Ils y enregistrent leur dernier album. Une musique inspirante, mélange de pop douce et de tradition sud africaines, très moderne. Ce soir ils iront sans doute jouer quelque part dans la ville ou alors ils resteront là et traineront dans un shebeen (bar) avant d’entonner un bÅ“uf de tous les diables. On se rappelle le temps où ils étaient venus à la maison, ils joueront mon morceau favori qui me soulève le cÅ“ur d’émotion à chaque fois. Puis je repartirai.

La matinée fut longue, il est temps de remonter vers le Nord et d’aller se sustenter. Au choix, un resto du côté de New Town dans une brasserie, un plat vite préparé vers Maboneng particulièrement à Arts on main, ou alors le Victoria Yard. Ce serait bien ce dernier car nous sommes le weekend… dans l’imagination, on peut choisir le jour que l’on veut, je ne m’en prive pas. Ce sera Victoria Yard. Cela aurait aussi pu être le trèsWits Art Museum | South African History Online agréable neighbourhood market. Situé dans un quartier “en devenir”, ce sont d’anciens entrepôts reconvertis à la mode bobo. des potagers bio, des boutiques de créateurs, des ateliers d’artistes et des petits stands de très très bonne nourriture à manger sur le pouce. Mal assis, je déguste mon boboti branché en écoutant quelques musiciens de jazz qui joue sous le soleil brulant… puis c’est reparti pour découvrir un autre endroit, le WAM, Wits Art Museum. Emanant de la célèbre université de Johannesburg, ce musée situé sur la très prisée Juta Street, il présente des expositions qui changent régulièrement, on est dans l’art contemporain pur, incompréhensible pour le novice. Là encore, un guide spécialiste est indispensable pour apprécier le moment. Je conseille d’ailleurs de prendre un guide spécialisé dans le street art car Joburg fourmille de merveilles à chaque coin de rue… En remontant, toujours vers le Nord, je prendrai un verre sur la 4th Avenue de Parktown, m’arrêterai à la Goodman Gallery en espérant apercevoir quelques Å“uvres de William Kentridge. Puis l’heure sera venue de sortir de la ville.

Direction le Nord Ouest, presque la brousse, vers le Craddle of Mankind, ce site paléontologique où furent trouvé de très anciens restes humains. Même si cela vaudrait le coup, je préfère, puisqu’on est le weekend, aller passer le reste de l’après midi à Nirox. Nirox est un domaine privé, verdoyant, presque miraculeux où, entre les étangs et les pelouses sont disposées de très nombreuses Å“uvres d’art. Le weekend, on vient yArteBOTANICA - Nirox Sculpture Park - Joburg.co.za écouter de la musique, pique niquer ou se restaurer et profiter de cet endroit unique. On pourra aussi, le matin souvent, y pratiquer le yoga ou la méditation. Puis se promener, cotoyer une génération jeune, arc en ciel, inspirée, qui construit l’Afrique du Sud de demain… On ressort souvent de Nirox avec le plein d’énergie, celle des rencontres, celle de l’inspiration, bref celle de la confiance en l’avenir.

La nuit tombe, toujours trop tôt. mais sur la route du retour, le coucher de soleil m’époustoufle comme toujours. l’immensité du ciel et sa beauté. Les perspectives infinies avec cette ville si vaste et ses gratte-ciels au loin. Alors que la nuit tombe et que l’on est encore en été (je choisis aussi ma saison :-), je me dirige vers le quartier de Sandhurst, l’un des plus huppés de la ville. Cela se voit à peine tellement les murs sont hauts. Ce faste sud africain m’a toujours fasciné, effrayé aussi, mais il me paraît exotique; Au sein de ce paradis pour riches isolés, se trouve le Saxon Hotel et il abrite l’une des meilleures tables de la ville, le Grey. Le Saxon est situé dans un grand parc fastueux. La déco est discutable et entre nous datée. Mais l’histoire du lieu fait toujours son petit effet. Mandela, juste libéré, vécut ici quelques semaines. On l’imagine donc après 27 années de prison, vivre dans ce qui était alors une maison. Le Grey était au début animé par Luke Dale Roberts (l’un des 50 best). Puis sa seconde a pris la main et délivre une cuisine raffinée, inspirée du terroir de la région, avec un menu dégustation qui, au final et copieux. Et si l’on choisit l’option “mets et vin”, on en ressort heureux… et un peu saoul aussi.

Même si j’aime conduire à Joburg, la soirée, j’aurai un ou une chauffeur. Car la journée n’est pas terminée. Une soirée à Joburg se termine en musique, The Marabi Clubforcément. On n’est pas à Rio ni à la Havane. Les lieux festifs ne sont pas légion mais ils existent. Des boîtes branchées de Rosebank, au pub hurlant et trop blancs de MorningSide. Je regrette amèrement The Orbit, qui, installé dans un ancien atelier de Juta Street délivrait un jazz sud africain live de haute volée (depuis le changement de propriétaire ce n’est plus ca). La terrasse entre les gratte-ciels était parfaite pour un verre. J’irai donc au Marabi Club non loin de Maboneng. Situé entre deux coupes gorge, on y vient écouter de la musique facile, de la pop, du rock, du jazz, le tout à la sauce sud africaine. On y vient quelque soit sa couleur. Ce que j’aime à Joburg, c’est quand la couleur des gens n’est pas importante. Ce n’est pas toujours le cas. Ici, ca l’est. On danse vite, on rigole, je profite du fumoir très bien sonorisé au point qu’on a l’impression que le saxophone hurle dans nos oreilles… Un peu sourd, mais heureux, il est temps de rentrer.

J’arrive dans le quartier d’Orchards, bien endormi et désert. Seule la lumière de la Satyagraha house éclaire la tranquille Pine Road. Il ne fait pas froid, il fait bon. Les petits bruits de la nuit me rappellent la brousse. Je n’ai presque pas envie de me coucher… et pourtant, il reste encore tant à voir et tant à vivre dans cette ville. C’était un jour à Joburg. Bonne nuit maintenant.

Commentaire (4)

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