La faune sauvage africaine, l’autre victime du Covid
Dans cette crise qui bouleverse le monde entier, tout le monde est victime, certains plus que d’autres, chacun estimant parfois être plus victime que son voisin. Il est cependant certain que s’il existe des niveaux de gravité des conséquences du Covid, on ne doit en négliger aucune. Le monde va rebondir mais certains sujets peuvent, sans réaction, avoir des conséquences bien plus graves et pérennes. Parmi ces sujets, la presse s’émeut discrètement des conséquences du non tourisme sur la préservation des espèces sauvages dans le monde et en Afrique particulièrement, comme cet article du Point. Le fait est que l’extinction du tourisme et le manque de perspective de réouverture ont des conséquences certes humaines mais aussi sur la vie sauvage et sa préservation.
A l’origine du confinement, je me suis dit comme tout le monde, que cela serait un bol d’air pour la faune : les libérer des 4X4 et autres distractions qui perturbent leur vie chaque jour et ce fut le cas en partie. Je voyais dans mon monde urbain, les oiseaux reprendre leurs droits, l’air devenir plus pur. Je me disais donc que ce serait pareil en Afrique, une bouffée d’air. C’était oublier combien la préservation des animaux sauvages en Afrique dépend du tourisme. Et cela à divers niveaux:
1. Le tourisme est la raison d’être des parcs et réserves naturels en Afrique
De nombreuses études ont démontré ces dernières années qu’un éléphant vivant rapportait 30 fois plus qu’un éléphant mort, grâce au tourisme. Si l’étude semble assez évidente, il faut comprendre que de
Sans tourisme, les parcs nationaux sont un centre de coût et non de profit. Le coût de leur entretien, de leur protection aussi. Et aucune ressource. Cet état de fait met à mal les investissements réalisés par les états sur les zones sauvages, notamment pour des états qui n’ont que peu de moyens comme la Tanzanie. La tentation est donc forte de changer de paradigme et d’envisager une réduction des zones sauvages au profit de zones d’exploitation moins durables. Cela devra être surveillé dans les mois et années à venir.
2. Le braconnage, conséquence du Covid
Le braconnage n’a pas débuté avec le Covid et il continuera après. Mais la baisse de la fréquentation touristique, la fermeture des lodges et la diminution des personnels de surveillance ont entraîné une nette recrudescence du braconnage… Le tourisme entraîne en effet de multiples barrages au braconnage. Les acteurs privés, par leur présence et celle de leurs clients, les véhicules qui circulent et le personnel en alerte,
Je revenais il y a de nombreuses années sur le cas des rhinocéros en Afrique Australe. Depuis rien n’a vraiment changé. Certes les choses s’organisent, les cornes sont coupées, certaines réserves ont déplacé leurs rhino sous d’autres cieux mais le problème à résoudre demeure le même: la préservation de la faune sauvage doit être soutenue par l’ensemble de la planète si toutefois on estime que les grands et petits mammifères africains font partis du bien commun de l’humanité. Ainsi, si l’on estime cela, cela signifierait que le tourisme resterait un axe de revenu et de préservation mais il ne serait plus le seul comme c’est le cas aujourd’hui. Que ce soit sous l’égide de l’Unesco ou d’autres organisations multilatérales, préserver les zones sauvages et ceux qui en vivent serait une décision qui devra concerner l’humanité toute entière.
3. Les hommes souffrent aussi
Pour l’instant, la priorité est de déterminer rapidement quand les voyages dans ces régions pourront reprendre; cela dépend de chaque pays mais aussi de nous (pays émetteurs de voyageurs). Puis d’engager des réflexions pour que les zones sauvages soient préservées tout en permettant le développement humain, souvent oublié par certaines organisations de défense de l’environnement. Si l’on arrive à combiner les deux et profiter de cette crise pour repenser nos modèles, alors ce monde d’après ne sera peut être pas si mal…
Très intéressant et surprenant ! J’avais mauvaise conscience avec les “safaris”, mais je n’y connais rien.
Je ne pensais pas que c’était aussi important pour l’Afrique, les africains… et aussi les animaux et l’environnement !!
Je suis né en Afrique à Madagascar, mais à part la Tunisie une fois dans un hôtel, sans vraiment découvrir les choses, je n’y suis jamais retourné.
Merci à vous !
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