Covid en Afrique : On ouvre … doucement !

Alors qu’une grande partie des pays recevant des voyageurs en Afrique sont entrés en confinement comme l’Europe en mars/avril derniers, l’heure est désormais venue de rouvrir les frontières. Voici un point sur l’état d’ouverture de nombreux pays du continent.

Le Sénégal demeure sourd aux appels de sa population et des nombreuses personnes dépendant du tourisme (7% du PIB). Pour l’instant aucune date ni frémissement ne se fait sentir. Avec relativement peu de victimes (293), le pays semble toutefois entamer une décrue du nombre de nouveaux cas et de cas actifs. Il est fort à parier que comme pour le confinement, les ouvertures auront lieu en série, comme c’est le cas depuis quelques jours. La question demeure, quelles seront les conditions d’entrée ?

Le Kenya et la Tanzanie sont ouverts et les voyages ont pu reprendre. Les vols se font plus nombreux, les premiers retours sont dithyrambiques tant les parcs et réserves sont déserts de véhicules et plein d’animaux… les pluies récentes sur la région ont permis d’entretenir une faune abondante déjà bien nourrie par une saison humide (avril et mai) bien humide… Seule condition, faire le test PCR 72 heures avant d’arriver, même si pour la Tanzanie, cela n’est pas requis par les autorités mais par certaines compagnies… bref, il faut le faire car le fait de faire le test semble devenir la norme.

Madagascar réouvre la région de Nosy Bé dès le 1er octobre et le reste du pays dès le 1er novembre. Les conditions sont encore mal connues et surtout la France est encore très méfiante, demandant aux personnes en provenance du pays de fournir un test fait depuis moins de 72h. La présentation d’un test Covid négatif de moins de 72h à l’arrivée à Mada semble être un point certain à ce stade

Le Zimbabwe va ouvrir ses portes le 1er octobre en exigeant un test PCR 48h avant l’arrivée (pas simple en France compte tenu des délais de résultat). Mais le signe est positif. Ce pays s’inspire de la politique du Maroc, qui a ouvert cette semaine avec cette même condition.

Aucun signe en provenance du Botswana, dont les frontières demeurent fermées. La Zambie a, elle, rouvert ses frontières avec un test de moins de 14 jours, prise de température et… C’est tout. Pour l’instant. Une seule condition : arriver par avion.

La Namibie, après avoir mis en place une quarantaine de 7 jours dans le premier hôtel (inapplicable dans ce pays) a inventé une nouvelle recette : Test PCR 72h avant le départ et test après 5 jours de voyage, résultat le jour 7, et puis voilà. Dans un pays désertique où les voyages se déroulent entre “trou perdu” et “au milieu de nulle part”, le challenge est de taille, mais selon certaines informations, ce serait jouable… les voyages en Namibie seraient donc possibles d’ici (très) peu de temps. Mais encore suspendu à l’Afrique du Sud, pays depuis lequel les voyageurs arrivent principalement et dont les frontières demeurent fermées à ce jour.

L’Ouganda demeure fermé et sans aucune visibilité ou signe faisant penser à une ouverture prochaine. Le Rwanda, lui, seul pays autorisé au départ de Schengen (souvenez-vous la fameuse liste des pays autorisés), fait dans le compliqué : Test avant le départ puis test à l’arrivée puis test avant le départ… Bref test quasi permanent, totalement dissuasif.

L’Afrique du Sud est le dernier grand pays et pas des moindres dont l’annonce d’ouverture se fait attendre. Mais depuis le début de la semaine, les prises de parole du ministre de la santé du pays semblent plaider pour un passage au “level 1” signifiant l’ouverture des frontières. Les manifestations ne cessent pas, les faillites et le chômage augmentent terriblement. L’ouverture ne peut donc plus attendre et cela devrait être une question de jours… Ou d’heures. A suivre donc ! Car l’ouverture de l’Afrique du Sud donnera un signal positif à toute la sous-région d’Afrique australe et plus largement le reste du continent.

CE QUE NOUS POUVONS EN DÉDUIRE AUJOURD’HUI

1) Les gouvernements rivalisent d’imagination pour chacun avoir des règles différentes. Il faut dire, à leur décharge, qu’aucune mesure n’a réellement prouvé son efficacité ou son inefficacité. Donc les artistes sont à la manÅ“uvre. Le pire étant les “fausses” ouvertures de frontières, c’est à dire une ouverture avec des conditions qui rendent l’arrivée de touristes étrangers totalement impossible car invendable.

2) Il va nous falloir vivre et voyager avec le virus ; même s’il a moins frappé en Afrique à ce stade, les voyageurs étrangers principalement Européens et américains vont devoir et vouloir repartir et c’est heureux. Les médias continuent de prévoir l’apocalypse comme si d’une certaine façon, la (très) relative préservation du continent était impossible à croire. Certes les statistiques sont peut-être moins suivies, le système sanitaire moins performant, mais la réalité est que pour l’instant pas de fosses communes comme vues à New York ou au Brésil… Il va falloir vivre avec cette maladie comme on vit (et on meurt) en Afrique avec le Paludisme (180 000 morts par an), le Sida (malgré les progrès réalisés, il tua 470 000 personnes en 2018) et de nombreuses autres maladies sans vaccin ou traitement disponible.

3) Les gestes barrières vont devenir la norme… Et ce n’est pas forcément une régression, bien au contraire finalement. Le port du masque en extérieur même en étant seul, demeure une décision qui sera probablement remise en cause une fois la peur, et le zèle politique calmés. Mais globalement, on peut se dire que la protection contre les virus et ces quelques gestes barrières auront des effets positifs. On y perdre en convivialité car la main serrée ou la bise seront immédiatement source de stress ou de gel hydroalcoolique vexant… Mais s’il faut en passer par là.

CE QUI OUVRIRAIT LES PORTES DES VOYAGES

N’étant pas médecin ni scientifique, et cela même si nous croyons tous avoir acquis ces derniers mois ces compétences doublées de celles de statisticien, je ne ferai pas de pronostics. Le principal espoir à court terme n’est ni le vaccin, ni un traitement miracle, ni même une baisse réelle ou supposée de la charge virale. Le vrai espoir est dans l’arrivée de nouveaux tests salivaires dont le résultat pourrait être connus en moins d’une heure. Leur déploiement commence en France et permettrait de faire le test à l’aéroport à l’arrivée, au départ et pendant le voyage, bref tout le temps, en tout cas autant que chaque pays le demandera.
Bref, au pessimisme ambiant entretenu ou réel, l’espoir et la marche en avant sont aujourd’hui la seule option pour permettre à l’humanité de reprendre le cours de son destin. Et en Afrique, si cette crise changera des choses, si les conséquences encore mal connues risquent d’être longues à réparer, l’avenir est en marche… choisissons d’y croire.

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