Au Botswana, le voyage de plus en plus vert
Le Botswana fait figure de modèles au sein des destinations africaines. Il faut dire que ce pays est gâté: d’énormes réserves minérales et une zone sauvage gigantesque et unique, connue du monde entier. Pourtant, au départ, rien ne prédestinait ce pays enclavé à devenir une telle pépite touristique. Voici donc en quelques points comment le Botswana est devenu une destination de rêve totalement cohérente avec les enjeux du tourisme de demain.
Une préservation des zones sauvages
Okavango. Ce mot magique a rejoint depuis plus de 20 ans le Serengeti, Tsavo, Mara ou Kruger dans le panthéon des zones sauvages extraordinaires d’Afrique. En France, une célèbre émission de Nicolas Hulot (Opération Okavango) en fait une promotion ultime dans les années 1990. Elle ne dure pourtant que de février 96 à juin 97. Mais elle marque les esprits. Cette zone faussement marécageuse, plane, est parfaite pour les survols de l’animateur Français. Yves Coppens, le découvreur de la fameuse Lucy en Ethiopie, estime que cette australopithèque, vivait dans un environnement similaire à celui du delta. Vous avez donc à la fois, la promotion d’un monde vierge, sauvage, visuellement impressionnant et de l’autre, la quasi certitude que l’Okavango est une sorte de monde originel.
Le Botswana, jadis protectorat britannique sous le nom de Bechuanaland obtint son indépendance en 1966. Et depuis 2012, il est le plus souvent en tête des pays africains exemplaires sur bien des sujets. Premier
Le Kalahari Central a longtemps été interdit aux visiteurs extérieurs, sorte de réserve humaine et préservée où vivent dans des conditions primitives, les fameux bushmens, mis en lumière dans le film “les dieux sont tombés sur la tête”. Aujourd’hui plus ouvert, il demeure néanmoins à l’écart du “circuit” Nord. Cette zone, comme d’autres comme les pans, très arides, ont du mal à attirer les voyageurs. Cela tombe bien, l’offre y est assez rare bien que de grande qualité.
Comme le disait récemment Mike Myers à Mon Ambassade, le Botswana est passé d’une destination de chasse à une destination de safari. Pas totalement, la chasse demeure. Mais le tourisme “safari” a pris le dessus. L’appareil photo a remplacé le fusil. Et il est plus vertueux aussi. Plus rentable, pas forcément. Plus vertueux car la chasse n’est plus acceptable aujourd’hui. Le tourisme permet de ne pas toucher la faune et au contraire de lui permettre un certain épanouissement. Mais la chasse n’a pas disparu du Botswana. Même si elle est moins vertueuse. Même si elle est néfaste à l’image du pays. La chasse demeure une activité très rentable. Pas besoin de luxe, juste de pouvoir satisfaire le désir de trophée de chasseurs insatiables. Rentabilité garantie pour cette activité qui fait la richesse de “fermiers” de la région.
L’Okavango est avant tout un fleuve. Un fleuve endoréique, c’est à dire qui ne se jette pas dans la mer. Il prend source dans les eaux plateaux d’Angola avant de disparaître dans les sables du Kalahari. A son arrivée au Botswana, l’Okavango devient un delta. Ce delta a ceci de singulier qu’il est le plus humide à la période la plus sèche. L’eau arrive dans cette région à la saison sèche, attirant ainsi toute la faune de la région. Cela offre à cette région, durant cette saison, la plus grande concentration de mammifères et d’oiseaux d’Afrique.
Mais pour profiter de ces régions uniques, un tourisme de masse était impossible. Il a fallu s’adapter pour que le développement touristique soit rentable tout en préservant les trésors de ce pays.
Eviter le surtourisme mais pas la rentabilité
Copié par certains pays, dont le Rwanda, le Botswana a mis en place un système dicté par la nature et par son désir de sauvegarder son patrimoine naturel. Peuplé de seulement 2,4 millions d’habitants pour un pays grand comme la France, le Botswana ne manque pas de place. Cependant sa population étant concentrée sur une partie infime du pays, bien loin de l’Okavango, les richesses minérales étant énormes, le delta, au Nord du pays n’a jamais été exploité jusqu’aux années 1980. Maun était un village de far west. Quelques communautés vivaient dans cette région d’une agriculture vivrière et quasi autarcie. La chasse existait déjà et c’était d’ailleurs la principale activité de cette région.
Mais avec le développement du tourisme et devant l’attrait grandissant (notamment pour les américains) de cette région, le pays a commencé à encourager de développement du tourisme. Mais comment développer le tourisme quand il n’y a aucune route, aucune infrastructure, réseau d’électricité. Comment faire de ce bout du monde, une destination touristique. Comment exploiter ce bout du monde sans le gâcher. Sans lui nuire.
Dès lors un tourisme spécifique se développe. le gouvernement octroie des concessions à quelques sociétés, sud africaines au début. Elles commencent donc à construire des lodges. Le cahier des charges est simple: les camps ne doivent avoir aucun impact sur l’environnement. Potentiellement, en 24h, un camp peut être démonté et la nature n’y verrait que du feu. Ces concessions sont cédées à prix d’or, permettant de vite fournir des revenus intéressants au pays. Mais, cela permet aussi de développer le territoire. D’une zone isolée, l’Okavango, tout en restant aussi sauvage et préservé, va devenir le centre. Les communautés financées par ce développement vont s’instruire, se former et petit à petit devenir partie prenante de ce développement. Environnement préservé, populations entraînées dans ce développement, le mariage parfait, bien avant l’heure d’un tourisme vert. Mais de luxe.
En effet, le manque d’infrastructures demeure un frein important au développement d’un tourisme de masse. Seule solution rapide, voler. C’est ainsi que Maun va se développer. Le petit aérodrome devient un aéroport et des dizaines de petits avions, les avions taxis, approvisionnent les lodges en… clients. Mais pas seulement, en vivre aussi. Ainsi, opérer un lodge au Botswana est très coûteux. Même un lodge simple est cher, ce qui est parfois décevant pour certains. Mais quand un camp/lodge est extraordinaire, alors les prix s’envolent.
Peu de voyageurs, des structures hôtelières de petites tailles et pourtant une cash machine incroyable qui fait qu’aujourd’hui, plus que jamais, l’Okavango et les régions alentours font figure de réelle star du voyage de demain. Seule la région de Chobe cède parfois aux sirènes du tourisme de masse. Sa proximité avec les très attrayantes Chutes Victoria côté Zimbabwe impose d’y développer des structures plus grandes. Et cependant, avec une certaine exigence écologique malgré tout.
Un impact écologique des hébergements, unique
Le Botswana s’est développé et promu ces dernières années grâce à de superbes lodges, des camps pour la plupart. Avec une politique visant, grâce à des exigences environnementales et sociales importantes et des frais de concession très élevés. Ils s’appellent Abu, Vumbura, Mombo ou Jacks. Ils sont connus des américains richissimes. Ils rivalisent de confort et de raffinement. Ils sont la vitrine d’un pays qui a opté pour un tourisme de luxe. Ou plutôt un tourisme cher. Car les coûts de base, les frais d’opération imposent des prix très élevés, même pour un hébergement simple. Vous avez donc d’un côté des lodges exceptionnels et hors de prix pour des gens qui peuvent se le permettre et de l’autre, des lodges chers pour des gens qui cassent leur tirelire. Au final, parfois la déception pour ces derniers.
Les exigences environnementales visant à préserver la région sont grandes et intégrées depuis toujours dans les hébergements qui y sont développés:
- Une gestion de l’eau, parfois critiquées dans les zones arides, est vertueuse dans le delta. Des stations d’épuration existent à côté de chaque lodge, permettant d’utiliser et de rejeter l’eau sans polluer l’environnement. Cela n’empêche pas les piscines, l’eau courante et potable et les salles de bains magnifiques avec des baignoires à sabot. Un système de gestion de l’eau qui permet aussi de soutenir les rares villages voisins et le personnel des hébergements.
- Une électricité verte le plus possible. Les hébergements du delta et d’ailleurs dans le pays furent parmi les premiers à se convertir au solaire. Les stations solaires font partie d’un préalable à la création d’un lodge. Le manque d’infrastructures, le fort ensoleillement, les paysages plats, tout concourt à développer le solaire dans ces régions. Des progrès sont encore à faire, mais il ne fait aucun doute que le Botswana sera solaire quasi totalement, reléguant les gourmands groupes électrogènes aux antiquités.
- Des structures légères et de petite taille: les structures sont légères, souvent sur pilotis et le nombre de chambres est limité, notamment dans le delta. Rares sont les hébergements de plus de 12 chambres. Ainsi les déchets et les besoins sont plus faibles, l’expérience aussi, est plus folle. Le Botswana est aussi l’apprentissage du tourisme de solitude, celui où l’on se croit au bout du monde. Le prix de l’expérience n’en est alors que plus justifié.
Mais alors, le Botswana serait il la destination parfaite pour le voyage de demain que l’on souhaite plus vert. Plus neutre. Quelques progrès sont encore nécessaire cependant.
Comment faire mieux encore ?
Les énergies renouvelables ne sont pas partout, loin s’en faut. Même si je dressais un tableau idyllique plus haut, le pétrole est largement utilisé encore. Les groupes électrogènes existent encore pour nourrir les
Les safaris, eux, se font toujours en 4X4. Certes, le safari en mokoro (pirogue traditionnelle en bois) demeure un must et il est totalement neutre, forcément. Mais, si l’on veut voir des animaux, il faut monter dans un 4X4. Et si aujourd’hui quasiment aucun 4X4 n’est électrique au Botswana, la solution Retrofit visant à transformer des 4X4 thermiques en 4X4 électriques peut changer la donne. Il faudra pour cela investir. mais investir pour gagner plus tant cette solution est économiquement et écologiquement vertueuse.
Consommer local est encore compliqué. Peu peuplé, le terroir du Nord Botswana est assez pauvre. Ainsi la plupart des biens de consommations et de la nourriture est approvisionné par avion puis par camion quand cela est possible. On déguste de l’agneau du Karoo, des crevettes du Mozambique voire des langoustes au cÅ“ur du delta, grave faute de goût qui sera sans nul doute corrigée rapidement.
Mais le changement est en marche, le solaire se développe et surtout les clients sont et seront de plus en plus exigeants. On peut prendre du plaisir, vivre confortablement sans polluer, sans détruire l’environnement et tout en permettant un développement des populations. Quoiqu’il en soit, le Botswana coche, plus que quiconque, le plus de cases possibles pour répondre aux exigences du voyage de demain. Maintenant, il ne reste plus qu’à faire de (grosses) économies pour vivre et découvrir ce pays magique.
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