Covid : Les fêtes et les voyages en Afrique

Avec l’annonce du vaccin et l’espoir d’un début de campagnes de vaccination, on croyait tous commencer à voir la lumière. Puis la seconde vague est arrivée en Europe, les Etats Unis continuent de subir très fortement la pandémie et la prudence est de mise et se répand comme une trainée de poudre. Les frontières se referment ou se contractent, la peur revient, justifiée par des chiffres certes alarmants. Les médias continuent de souffler sur les braises et pourtant les voyages reprennent, certains voyages. Dans cet environnement, où en sont les principales destinations africaines ?

 

Tout le monde a communiqué sa liste des 50 destinations envisageables lors des fêtes (puisqu’il est possible de voyager depuis le 15 décembre dernier) et l’Afrique se taille la part du lion. En effet, mis à part les îles (Maldives, Antilles notamment), les pays du Golfe (Emirats Arabes en tête) et quelques pays rares pays d’Amérique Latine, les pays d’Afrique ont la part belle pour les voyages de la fin d’année, Tanzanie en tête. Voici un petit tour d’horizon :

Tanzanie :

C’est la star de la fin d’année. A croire que la stratégie de décider politiquement la fin de l’épidémie en avril ne fut pas si mauvaise. Depuis, les élections se sont déroulées et sont derrière nous, sans drame. Le Covid n’a pas eu les conséquences prédites par beaucoup dans le pays. Il faut dire que le pays est faiblement urbanisé. Les débuts ont été timides cet été, refroidis par les consignes des autorités européennes et américaines. Mais depuis l’automne et encore plus pour la fin d’année, la Tanzanie et Zanzibar semblent être revenus en force. Pour preuve, les hôtels à Zanzibar affichent complets pour la plupart. Les vols sont pris d’assaut (il y en a moins). Bref, tous les feux sont au vert pour ce pays qui visiblement a fait les bons choix (pour l’instant).

Kenya :

Le Kenya connaît une fortune différente. Le pays a connu une seconde vague en octobre et novembre. Depuis, les données sont à la baisse, notamment le nombre de cas. Par conséquent, le pays s’ouvre de plus en plus. Il a cependant d’autres problèmes dans le Nord et sur la côte qui rendent l’envie de Kenya plus tiède. Et pourtant, c’est clairement le moment d’y aller. Sur la côte kényane, aujourd’hui déconseillée par le Quai d’Orsay, le marché intérieur important se chargera de remplir les hôtels qui s’y trouvent. Plus prudent et transparent que la Tanzanie, le Kenya a ouvert plus tard et subit un retard sur les voyages de fin d’année. Moins grave car le redémarrage reste là.

Afrique du Sud :

L’Afrique du Sud semble être bien lancée dans sa deuxième vague avec autour de 10000 nouveaux cas quotidiens. Sans surprise, le président Ramaphosa a annoncé cette semaine des mesures de restriction assez fortes dans l’Eastern Cape (région de Port Elizabeth) et plus légères dans les autres provinces, notamment à Joburg et au Cap. Rien qui empêche de voyager en Afrique du Sud (en dehors de l’Eastern Cape. Mais la remontée des chiffres et les récentes mesures font craindre aux voyageurs que des mesures plus fortes ne soient prises pendant les fêtes. Les voyageurs sont inquiets et les projets en suspend sont fragilisés. S’il est vrai que la détente fut assez forte dans les 2 grandes villes du pays, la question des vaccins ne semble pas être vraiment figée. Un petit retard au démarrage qui risque de peser lourd sur le redémarrage. Le fait est que le pays est ouvert, les vols volent, l’été est là. Et si les restaurants ferment plus tôt et les hôtels n’accueillent que 50% de ce qu’ils peuvent, il n’en reste pas moins unique de voyager dans ce pays en ce moment.

Namibie et Botswana :

Ces deux pays se sont ouverts cet automne et la communication est assez offensive. Pourtant, nous sommes en pleine “green season”, c’est à dire la saison la plus chaude, potentiellement la plus humide et donc la moins fréquentée d’ordinaire. S’il est aisé de voyager en Namibie, les chiffres sont aussi à la hausse très nettement (sur de tout petits chiffres) depuis mi-novembre. Il n’est donc pas exclu que des mesures apparaissent. D’expérience, les pays les moins touchés sont les plus frileux. Pour le Botswana, la baisse semble être d’actualité. La réelle difficulté demeure de procéder au test PCR indispensable avant le départ du pays. Si les choses semblent s’organiser à Maun et Kasane (avec une attente un peu longue mais incompressible au départ de ces aéroports), il semble que les voyageurs soient encore un peu craintifs en plus de ne pas vouloir y aller en green season (ce qui peut se comprendre).

Madagascar :

Malheureusement fermé depuis bien trop longtemps, Madagascar n’autorise pas les français et se prive de rentrer dans la danse des destinations qui revivent. Malgré des données en forte baisse et un secteur touristique sinistré et si important pour le pays, le pays reste fermé. Nous rentrons dans une période plus humide et donc moins prisée d’ordinaire pour le pays. Mais cela fait un an que le pays est privé de voyageurs et je pense à toutes ces personnes qui vivent du tourisme et qui… attendent.

Sénégal :

Le Sénégal est d’ordinaire une destination prisée pendant les fêtes : pas loin, pas cher, temps sec à défaut d’être très chaud, bref parfait. Pas de rush malheureusement, bien que le pays soit ouvert. Toutefois, depuis fin novembre, le nombre de cas (limité) est en net rebond. Il demeure donc possible de partir au Sénégal, comme ailleurs et de profiter de ce pays si proche et si riche de découverte. reste à trouver les vols qui ne se bousculent pas pour aller au pays de la Teranga.

Le monde et l’Afrique :

Il est intéressant de voir que des pays tels que les pays scandinaves, l’Australie ou la Nouvelle Zélande se sont totalement refermés sur eux-mêmes. Et parfois pour des durées importantes (on parle de fin 2021 pour l’Australie). Les hôteliers norvégiens jetaient les voyageurs dehors lors du premier confinement et ils semblent avoir la même envie en ce moment, notamment depuis la seconde vague européenne. Il est amusant de voir comment ces pays gâtés, peu peuplés, riches et disposant d’un sous-sol généreux ont décidé de se refermer sur eux-mêmes. Et parallèlement, de voir que des pays dits “en développement” ont décidé de rouvrir ou de maintenir leurs frontières ouvertes. Espérons que les comptes seront faits après la pandémie et que les voyageurs choisiront le bon camp.

Et après ?

Si ceux qui ont de l’argent choisissent de voyager (et ils ont tellement raison), l’incertitude demeure pour après. Mais l’arrivée des vaccins, la moindre virulence de la seconde vague qui fait cependant craindre une troisième vague, le manque de stratégie de vaccin en Afrique (parfois subi) entraîne des sentiments contrastés. Toutefois, d’ici 6 mois, la plupart des gens s’accordent à penser qu’on sera sorti de ce trop long épisode pandémique. On verra alors et alors seulement les conséquences sociales de tout cela. Particulièrement sur le continent qui a été relativement peu touché par la pandémie mais qui en a subi les mêmes effets sociaux et économiques, en pire.

Une fois que les pays riches et fermés sur eux-mêmes auront fait le tour de leur nombril, il reste à espérer que le monde rouvrira et qu’il acceptera d’aider enfin les autres. Et que “l’étranger” devenu synonyme de porteur de virus (est-ce vraiment le cas d’ailleurs) redeviendra l’hôte que l’on accueille avec gourmandise. L’Afrique a sa carte à jouer dans le monde d’après, car elle n’a jamais dévié de ce principe d’hospitalité.

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